La période de l'histoire coloniale du Cambodge de 1863 à 1953 est marquée par le protectorat français
Contexte et Début du Protectorat
Avant l'arrivée des Français, le Cambodge était sous la menace constante de ses voisins, le Siam (actuelle Thaïlande) et l'Annam (actuel Vietnam). En 1863, pour protéger son royaume et assurer sa stabilité, le roi Norodom Ier signe un traité de protectorat avec la France. Ce traité établit le Cambodge comme un protectorat français, permettant à la France de contrôler la politique étrangère du Cambodge et d'intervenir dans ses affaires internes pour maintenir la paix et l'ordre.
Intégration à l'Indochine Française
En 1887, le Cambodge est intégré à l'Indochine française, une fédération de colonies françaises en Asie du Sud-Est qui comprenait également le Vietnam (divisé en Cochinchine, Annam et Tonkin) et le Laos. Cette intégration permet de centraliser l'administration coloniale et de renforcer le contrôle français sur la région. Les autorités françaises cherchent à moderniser les infrastructures du Cambodge, construisant routes, ponts, canaux, et développant des ports, notamment à Phnom Penh et Kampot.
Administration et Réformes
La France impose plusieurs réformes administratives et économiques. L'administration coloniale est centralisée à Phnom Penh, et de nombreuses institutions modernes sont introduites. Le système judiciaire est réformé selon le modèle français, et l'éducation est également influencée par les normes françaises. L'infrastructure agricole est développée, favorisant la culture du riz et du caoutchouc. Cependant, ces réformes sont souvent imposées de manière autoritaire, ce qui crée des tensions avec la monarchie cambodgienne et les populations locales.
Impact sur la Société et la Culture
L'influence française se fait sentir dans de nombreux aspects de la vie cambodgienne. La langue française devient la langue officielle de l'administration et de l'éducation, tandis que l'influence culturelle française se manifeste dans la mode, la cuisine et les arts. Cependant, cette influence entraîne également la marginalisation de la culture traditionnelle khmère. Les élites cambodgiennes adoptent souvent le mode de vie et les valeurs françaises, créant un fossé entre elles et les classes populaires.
Mouvements de Résistance et Nationalisme
Au fil des années, des mouvements de résistance émergent pour lutter contre la domination coloniale française. Des révoltes paysannes et des mouvements nationalistes se forment, inspirés par les idées de liberté et de self-determination. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le Cambodge est brièvement occupé par le Japon. Après la guerre, les sentiments nationalistes se renforcent, et des figures comme Son Ngoc Thanh deviennent des leaders clés du mouvement pour l'indépendance.
Fin du Protectorat et Indépendance
Après la Seconde Guerre mondiale, le mouvement pour l'indépendance du Cambodge gagne en force. En 1953, face à la pression internationale et à l'agitation intérieure, la France accorde l'indépendance totale au Cambodge. Le roi Norodom Sihanouk joue un rôle crucial dans cette période de transition. En novembre 1953, Sihanouk proclame l'indépendance du Cambodge, mettant fin à près de 90 ans de domination française.
Héritage du Protectorat
Le protectorat français laisse un héritage complexe. D'une part, il a contribué à la modernisation du Cambodge, avec des infrastructures et des institutions modernes. D'autre part, il a également entraîné des tensions sociales et politiques, ainsi qu'une rupture culturelle. La période coloniale a posé les bases de la structure politique et administrative moderne du Cambodge, mais elle a aussi laissé des cicatrices économiques et culturelles.
Réalités Économiques et Sociales
L'économie du Cambodge sous le protectorat français était principalement agricole, avec une grande partie de la population travaillant dans la culture du riz et du caoutchouc. Les Français ont également introduit la culture du poivre et d'autres cultures commerciales. Cependant, les bénéfices économiques étaient souvent accaparés par les autorités coloniales et les élites locales, laissant les paysans dans une pauvreté persistante.
Infrastructures et Développements Urbains
Pendant cette période, plusieurs projets d'infrastructure ont été réalisés, notamment la construction de routes, de chemins de fer et de bâtiments administratifs. Phnom Penh, la capitale, a été transformée en une ville moderne avec des rues pavées, des bâtiments de style européen et des systèmes de drainage. Le port de Sihanoukville (Kompong Som) a également été développé pour faciliter le commerce maritime.
Changements Culturels et Éducation
Le système éducatif français a introduit de nouvelles méthodes d'enseignement et une nouvelle langue d'instruction. Les écoles françaises étaient établies principalement pour les enfants des élites, mais elles ont également permis à certains Cambodgiens d'accéder à des postes administratifs et de poursuivre des études en France. Toutefois, cette éducation était souvent déconnectée des traditions locales et marginalisait la culture khmère.