La période du Régime des Khmers Rouges (1975-1979) est l'une des périodes les plus sombres de l'histoire du Cambodge.
Contexte et Ascension au Pouvoir
Les Khmers Rouges étaient un mouvement communiste radical dirigé par Pol Pot. Le mouvement a émergé dans le contexte de la guerre froide et des conflits régionaux, notamment la guerre du Vietnam. Le Cambodge avait été impliqué dans la guerre civile depuis le début des années 1970, opposant le gouvernement de Lon Nol, soutenu par les États-Unis, aux Khmers Rouges, soutenus par le Vietnam du Nord et la Chine. Le 17 avril 1975, les Khmers Rouges entrent dans Phnom Penh et prennent le contrôle du pays.
Évacuation des Villes
Une des premières actions des Khmers Rouges après leur prise de pouvoir a été d'évacuer les villes, y compris Phnom Penh. Des millions de personnes, y compris les malades, les personnes âgées et les enfants, ont été forcées de quitter leur domicile pour se rendre dans les campagnes. Cette évacuation massive, justifiée par la nécessité de protéger les citoyens d'une éventuelle attaque américaine, a entraîné des souffrances énormes et de nombreuses morts.
Idéologie et Objectifs
Les Khmers Rouges visaient à transformer le Cambodge en une société agraire autarcique, libérée des influences étrangères et des classes sociales. Ils cherchaient à créer une "pureté révolutionnaire" en abolissant l'argent, les marchés, la religion et les institutions traditionnelles. Le régime était officiellement connu sous le nom de "Kampuchéa Démocratique".
Camps de Travail et Collectivisation
Les populations déplacées étaient regroupées dans des camps de travail, où elles étaient forcées de cultiver le riz et d'autres produits agricoles dans des conditions extrêmement dures. Le régime imposait des quotas de production irréalistes et punit toute forme de résistance ou d'inefficacité. La malnutrition, les maladies et le travail épuisant ont entraîné la mort de centaines de milliers de personnes.
Purges et Répression
Le régime des Khmers Rouges a mené une purge massive pour éliminer ceux qu'ils considéraient comme des ennemis de la révolution. Les intellectuels, les enseignants, les religieux, les anciens fonctionnaires et même ceux qui portaient des lunettes étaient souvent arrêtés, torturés et exécutés. Le centre de détention Tuol Sleng (S-21) à Phnom Penh est devenu un symbole de la terreur du régime, où des milliers de personnes ont été torturées avant d'être exécutées dans les Killing Fields environnants.
Impact Humain et Démographique
Il est estimé qu'entre 1,7 et 2 millions de Cambodgiens, soit environ un quart de la population, ont péri pendant le régime des Khmers Rouges en raison des exécutions, de la famine, des maladies et du travail forcé. La société cambodgienne a été profondément traumatisée par cette période de violence extrême et de répression.
Chute du Régime
En décembre 1978, les troupes vietnamiennes envahissent le Cambodge en réponse aux incursions des Khmers Rouges sur leur territoire. Le 7 janvier 1979, Phnom Penh est libérée par l'armée vietnamienne, marquant la fin du régime des Khmers Rouges. Pol Pot et ses partisans se retirent dans les zones reculées du Cambodge et continuent une guerre de guérilla jusqu'aux années 1990.
Héritage et Mémoire
La période des Khmers Rouges a laissé des cicatrices profondes dans la société cambodgienne. Les tribunaux internationaux, tels que les Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC), ont été mis en place pour juger les crimes de guerre et les crimes contre l'humanité commis par les dirigeants khmers rouges. Les musées comme Tuol Sleng (musée du génocide) et les Killing Fields de Choeung Ek jouent un rôle crucial dans la commémoration des victimes et l'éducation des nouvelles générations sur les horreurs de cette période.
Réconciliation et Reconstruction
Depuis la fin du régime des Khmers Rouges, le Cambodge a entrepris un long chemin de réconciliation et de reconstruction. La société cambodgienne s'efforce de surmonter les traumatismes du passé et de reconstruire une nation stable et prospère. Les efforts de réconciliation comprennent la promotion de la justice, la préservation de la mémoire collective et l'éducation des jeunes générations sur cette période tragique de l'histoire.